* 21 octobre – Drôles de guerres

Brèves des jours précédents

A moins de deux semaines du scrutin américain du 3 novembre, la géopolitique aborde une zone de turbulences accrues ?  Le moment va se prêter à des démonstrations de force et des écarts de conduite que favorisera le repli des Etats Unis sur leurs propres déchirements internes. Autant dire que pour les ‘’joueurs’’ de mauvais coups, les Erdogan, Poutine, Kim Jong-un, Xi Jinping etc., pour les groupes mercenaires ou les jihadistes de tous poils, une fenêtre d’opportunité et d’impunité va s’ouvrir. Sans exagérer la capacité stratégique de Washington à faire obstacle ou contrepoids aux faiseurs de crise, ni taire le désastre auquel se résume la politique extérieure de Donald Trump, la sensation de vide, donc d’impunité, créera de l’instabilité.

Ainsi, la Chine populaire célèbre avec faste l’unique confrontation militaire qui l’ait opposée aux Etats Unis. L’épisode remonte au lancement, le 19 octobre 1950, de l’immense vague des ‘’volontaires chinois’’ (déjà ce biais de ne pas assumer un état de guerre déclarée) contre les troupes du général MacArthur, alors à l’apogée de leur offensive contre les troupes communistes nord-coréennes. Défensive ou non, l’intervention chinoise a défait l’armée onusienne (essentiellement, américaine), avant que le débarquement de nouvelles troupes, à Inchon, dans le nord-Ouest de la Péninsule, ne rétablisse le statu quo initial de la ligne de front. Cet affrontement très dur n’était plus évoqué publiquement. Qu’il le soit à nouveau aujourd’hui est assez significatif de la ‘’drôle de guerre’’ qui se joue entre les deux géants. Pékin lance clairement une forme de mise en garde aux Etats Unis comme pour inhiber par avance leur réaction.

Dans ce contexte, on pense forcément à l’enjeu national majeur et à la proie que constitue Taiwan. Xi Jinping fait monter le niveau d’agressivité, depuis des mois, à l’égard de » l’ïle nationaliste » (dans les faits, une nation démocratique) et ses armées multiplient à son encontre les frictions militaires, comme pour étayer la thèse d’un conflit de basse intensité qui serait déjà en cours. La diplomatie de Xi, réorganisée autour de cadres dogmatiques, s’en mêle aussi et on l’a vue, par exemple, à Suva (îles Fidji) faire irruption dans la célébration du double 10 (naissance de la république chinoise en 1911) pour agresser les participants. Le motif en était que ‘’la décoration du gâteau d’anniversaire n’était pas celle du drapeau communiste’’. Les scénarii de montée de la tension pourraient être multiples, mais, parmi eux, une opération de conquête des îlots taiwanais de Mazu, des Pescadores, des petites Liuqiu créerait un sérieux handicap pour le dispositif défensif de Taiwan. A partir de là, les 25 millions d’habitants de l’Ile pourraient se voir soumis à blocus, une catastrophe économique, voire un risque de famine pour cette économie totalement intégrée au commerce mondial. Les investissements industriels  taiwanais sur le Continent, en position dominante dans certains régions côtières développées, pourraient être confisqués dans la foulée. Sans aller jusqu’à envisager une invasion militaire de toute l’ancienne Formose, promise à une résistance acharnée, une agression de ce type lancerait un énorme défi à l’ONU (où Taiwan ne siège plus depuis 1971), aux Etats Unis et aux nations attachées à la Paix et au Droit.