Les JO d’hiver sont prévus dans la capitale chino x7ise en février prochain. Au sein de l’Occident, des voix influentes appellent au boycott au nom des droits de l’Homme. Ainsi, aux États-Unis, les Républicains ont demandé au Sénat d’enquêter sur les irrégularités présumées dans l’attribution à Pékin de cet évènement mondial prestigieux ce qui implique potentiellement d’en exiger l’annulation par le Comité international olympique. Bref, du fait du ‘’génocide’’ perpétré contre les musulmans ouïghours du Xinjiang, aucun représentant du gouvernement américain n’assistera aux Jeux, l’an prochain. 180 associations de Défense des droits de l’Homme campent sur la même ligne.
La Chine juge bien sûr cet appel au boycott « irresponsable » et purement « politique ». D’ailleurs tout est politique dans ce pays, une raison majeure de son rejet de l’Etat de droit. Une politisation des Jeux par Washington n’en est pas moins en cours. Elle renverrait à la mémoire des jeux de Berlin en 1936. Quarante plus tard, 22 pays africains avaient boudé les JO de Montréal, pour punir la Nouvelle Zélande côtoyer les rugbymen d’Afrique du Sud. Puis il y a eu la désertion de ceux de Moscou, en 1980, vengée par des représailles russes contre Los Angeles, quatre ans plus tard. En 2008, le chemin de Pékin (déjà) butait sur la répression au Tibet. En 2012, à Sotchi, l’infamie de l’Hôte russe faisait suite à l’annexion de la Crimée.
La politisation des jeux n’a jamais apporté de résultat positif. Personne n’a gardé le souvenir que ces gesticulations, bien contraires à l’esprit de Pierre de Coubertin, aient pu contribuer à la justice, au droit ou à la paix. L’olympisme était, à l’origine une parenthèse de trêve des affrontements. Les droits humains sont une cause 7/7 J, 24/24 H, un processus continu et patient. Choisir entre ces droits, la moralité, la dignité des êtres et l’aspiration universelle des sportifs ne se fait pas en un tweet ou en un slogan bien ciblé. Mais l’arme du boycott est très tentante sous l’angle de la propagande-minute, parce qu’elle fait mal au moral de l’adversaire et qu’elle écorne – provisoirement – son image internationale. Qui plus est, en choisissant une incrimination unique, le slogan occulte la grande diversité des violations et des victimes. On fait alors dans la caricature.
Mais cette flétrissure (justifiée) des mauvais gouvernants cherche, par simplification abusive, à stigmatiser les peuples eux-mêmes, avec, pour effet connexe d’outrer le public et les athlètes du pays critiqué. Il est à prévoir qu’en Chine, 99 % de la population han y verra un complot, un mauvais procès intenté par mépris d’un peuple et une preuve de haine contre la Patrie communiste (le Parti). Le regain de xénophobie suivra la montée des ressentiments. En janvier, Xi Jinping avait affirmé qu’il incombait à son pays de réussir cette « grande fête » et de rendre ses JO « spéciaux, exceptionnels et uniques’’. Jalousie occidentale et manigances pour gâcher la fête ?
Vous l’avez compris, l’Ours accepterait d’aller à Pékin mais ne se gênerait nullement pour exprimer sa réprobation d’une façon raisonnée. Il préciserait surtout l’identité des fautifs. Mais il aurait des mots amicaux pour les gens (et pour les plantigrades) du lieu. Il n’oublierait pas tout, si tôt rentré au blog. Il serait plus tenace. En fait, il ne paraît pas qu’il soit invité.