* 13 avril – Wagner à l’Est, Wagner au Sud

Les flancs de l’Europe subissent les poussées et méfaits des mercenaires russes, avec les compliments empoisonnés de Moscou. Faute de recevoir un minimum de garanties, l’Union européenne a finalement décidé, le 11 avril, d’arrêter ses missions de formation et d’entraînement militaires au Mali. L’Allemagne indique qu’en ce qui la concerne, la mesure ne serait que temporaire … mais pour longtemps, sans doute. Au Mali, la présence de ces guerriers spécialistes des coups fourrés a abouti à une rupture quasi-complète avec l’Europe. Certes, c’est ‘’régulièrement’’, à l’appel de la junte putschiste, que les hommes en vert ont débarqué. Certes aussi, les Français de Barkhane ont été récemment ‘’virés’’ par les colonels pro-russes, avec perte et fracas. Mais le détachement danois de Tacuba (les forces spéciales européennes) at connu le même sort et les Norvégiens ont dû rester chez eux. Les militaires de l’ONU sont maltraités et la CEDEAO, rangée au rang des ennemis du Pays.

S’il n’était pas envahi plutôt qu’envahisseur, le Mali ferait figure de petite Russie sub-saharienne, coupée du monde et seulement livrée à un allié toxique. Mais ce n’est pas le plus rédhibitoire. Le départ des instructeurs européens de l’EUTM tient au constat d’une collaboration infame d’unités des FAMA (Forces Armées Maliennes) que ceux-ci avaient formées à un comportement décent avec les mercenaires sans foi ni loi de Poutine. Ils ont commis ensemble de graves violations des droits humains, notamment en ciblant leurs victimes ‘’au faciès’’, dans des localités présumées rebelles. Des centaines de villageois désarmés ont été ainsi abattus que Bamako s’efforce de faire passer pour des jihadistes  »neutralisés ».

Les Européens réclament une enquête indépendante sur les massacres de Moura et d’ailleurs, une sorte de chapelet de petits Marioupol en terre sahélienne. L’Europe ne laissera sur place que quelques policiers et spécialistes du ‘’droit de la guerre’’ (le droit international humanitaire). Est-ce ces derniers des Mohicans intéresseront Bamako ?

L’échelon européen de coopération militaire restera au Sahel, mais déménagera dans les pays voisins. Le Conseil européen ne veut pas non plus commettre un ‘’abandon’’, au bénéfice de l’option moscovite, tant la situation militaire s’avère alarmante. Déjà, les jihadistes des diverses filiales islamistes moyen-orientales s’en donnent à cœur joie. Leurs attaques ont redoublé et elles ont prélevé beaucoup de vies dans les rangs des FAMA. Les katibas ne cessent de progresser vers le Golfe de Guinée, recrutant manifestement en masse, au passage, dans les populations jeunes locales. Wagner tout comme l’opération Takuba européenne n’ont aucune réponse à cela. Si la jeunesse s’approprie l’idéologie folle des jihadistes, c’est qu’elle ne trouve ailleurs aucune alternative de gouvernance, aucun modèle de de vie. Sûrement pas, en tout cas, dans le spectacle des massacres commis par les soldats de Bamako et leurs sous-officiers blonds.

*17 février – Complainte du ‘’remercié’’

Congédiés par la junte au pouvoir à Bamako ! On le savait mais le fait est désormais acté. A la veille d’un sommet bicontinental, à Bruxelles, la France et ses partenaires européens officialisent aujourd’hui leur échec au Mali. Neuf années de combat antidjihadiste ont mal tourné, malgré le remarquable succès initial qu’avait connu, en 2013, l’opération Serval et l’arrêt mis à la descente des katibas islamistes sur la capitale. La perspective est celle d’un désengagement logistique complexe et politiquement assez risqué, sous les huées de la base et les provocations de l’ennemi. Un Afghanistan à la française, mais concernant un dispositif beaucoup plus éclaté et clairsemé dans l’espace géographique.

Le président français a dressé ce matin, devant la presse, le bilan suivant :

-« Les États africains comprennent le retrait de la France et de ses partenaires ». On les devine inquiets mais courtois, évitant surtout (pour le moment) de rajouter de l’huile sur le feu. C’est au bien fidèle Macky Sall du Sénégal, présidant actuellement l’Union africaine, qu’a incombé le message attestant la compréhension de la décision des autorités européennes et françaises de retirer leurs troupes du Mali. On n’accable pas l’hôte qui vous a invité.

– La présence française au Sahel va devoir se réduire comme cela a été fait dans le Nord-Mali, a déclaré Emmanuel Macron. Cette évolution, permettra, comme demandé par les partenaires locaux, de la recentrer « là où notre contribution est attendue ». En un mot, si on voit moins les militaires français, ‘’passés sous le radar’’, ils constitueront moins un problème pour les populations africaines.

– Ce ‘’retrait bien ordonné’’ se traduira par la fermeture des emprises de Gossi de Ménaka et de Gao. Les forces armées maliennes et la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) y seront techniquement  associées. ‘’Durant l’opération de repli, les missions de soutien au profit de la Minusma seront maintenues. Une partie des effectifs européens stationnés au Mali seront redéployés au Niger’’.

– « Al-Qaïda et Daech ont choisi de faire de l’Afrique – du Sahel en particulier – et, de manière croissante, du Golfe de Guinée, une priorité de leur stratégie d’expansion ». De ce fait, « il est important pour Paris d’adresser un message de continuité de son engagement au Sahel ». Les pays du Golfe de Guinée seront davantage « appuyés ».

– Les populations civiles seront mises au cœur de la lutte antidjihadiste : il faut « déployer d’abord des programmes civils et sociaux. Ce n’est qu’en complément de ces programmes qu’une action militaire peut être efficace ».

C’est exactement ce qu’on a espéré depuis neuf ans mais qui n’a jamais fonctionné. La conversion aux dures réalités va prendre quelque temps …

* 16 février : retraits taiseux

Il est temps de ne pas trop en dire. Le plus bref, le moins faux. En plein guerre psychologique, des organes mal identifiés clament deux retraits militaires en cours. Non, la paix n’a pas sonné, pas encore. Le plus bruyant est celui de la machine de guerre russe qui encercle l’Ukraine : trois camions de soldats et deux rampes de fusées ont franchit le grand pont Poutine qui relie le dispositif à la Crimée. Fin des man oeuvres ? Des 150.000 hommes mobilisés pour encercler le voisin maudit, il ne reste que 149.800. Le tableau géopolitique a donc radicalement changé. Le tableau diplomatique reste désespérément glacial. Après toute l’adrénaline qu’elle s’est faite, l’Alliance atlantique va sans doute prendre tout son temps pour promouvoir la candidature de l’Ukraine. On pourrait espérer parler un peu de la sécurité en Europe, sans larguer pour autant l’allié américain. Sans lui, on ne pèse pas le poids. Avec lui, il faudrait un contre-poids collectif des Européens, qui leur assurerait la maîtrise de la ligne politique quand la crise est circonscrite à l’Europe. Ce blog parle trop, là, puisqu’au fond rien n’a changé depuis hier.

L’autre  »retrait » était presqu’annoncé. Barkhane, Takuba et peut être le G 5 sont virés du Mali. Une situation  »perdant-perdant », qui a de quoi réjouir et relancer Al Qaïda. Certes, les soldats de l’Occident vont  »se redéployer », un terme distingué et énigmatique, s’il en est. Il va quand même falloir près d’un an pour évacuer les bases militaires du Nord-Mali. Au train ou vont les choses, cela pourrait signifier trois ou quatre coups d’état à Bamako et un nombre indéterminé de changement de politiques. Qu’importe ! Ne regrettons pas ces opérations militaires uniquement efficaces à décimer des états majors terroristes, lesquelles se recomposent aussitôt, avec l’assentiment assez large de la base. On tournait en boucle autour d’une impasse.

Le président français reçoit à l’Elysée les autres dirigeants de la région. On sait que la menace se déporte sur les pays riverains du Golfe de Guinée. Voilà un exercice complexe : il va falloir les rassurer sur l’engagement de la France au Sahel et dans la bande côtière, sans compromettre la décision courageuse de s’extraire de la nasse, tout en se dégageant du maquis des contradictions politiques africaines. Le volet politique et social du combat contre le djihadisme importé du Moyen-Orient ne mérite même pas le qualificatif d’échec : ce fantôme n’a même pas existé. La contamination idéologique va donc se poursuivre et avec de bones raisons. Les officiers français qui apprennent avec zèle, dans leurs écoles, la dimension politico-militaire des conflits ont été confinés au purement  »militaire » et se sont retrouvés en situation d’occupants. Et ce, bien trop longtemps. Un Afghanistan français, hélas ! Il faudrait se souvenir de ce jour ambigu comme un anniversaire : la lucidité aura fait un premier pas.

* 10 février –  Myopie et déconvenues au Mali

Emboîtant le pas à la CEDEAO, qui a accusé la junte putschiste de Bamako de faire obstacle à la transition politique, l’Union européenne a sanctionné cinq responsables, dont le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga. Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d’entrée sur le territoire de l’Union européenne et un gel des avoirs en Europe. Ce geste de fermeté, limitée dans ses implications, marque politiquement solidarité des Européens à l’égard de Paris. C’est important dans cette crise qu’on n’a pas su anticiper. Elles constituent d’abord une réponse de basse fréquence  à la prétention des prétoriens maliens de s’arroger sept années de pouvoir via l’abrogation des institutions de l’Etat de droit et sans partage aucun. En filigrane, il s’est agit aussi de ‘’marquer le coup’’, au terme de toute une série de manifestations populaires anti-françaises, téléguidées par la junte. Le but en était de rendre impossible la poursuite des missions anti-djihadistes française et européenne, pourtant réclamées par Bamako.

L’expulsion assez ignominieuse de l’ambassadeur de France, mais aussi celle du contingent danois, venu participer à l’opération des forces spéciales Takuba, avait fait culminer les vexations au-delà du supportable. Il fallait forcer Paris à ‘’abandonner’’ militairement le Mali pour réaliser le reproche qu’on lui envoyait à la face. De fait, Bamako a choisi l’isolement complet, sur le plan international, pour se donner les mains libres sur le plan intérieur, voire se forger un succédané de leadership par la fuite en avant nationaliste. La présence de l’ONU (via la Minusma) et celle des pays voisins dits du G 5 s’en trouvent également compromises.

Si le contrat de mercenariat passé avec le groupe russe Wagner est apparu comme une vraie provocation aux yeux de la diplomatie française, il n’est pas sûr que les clients maliens, probablement peu au fait de la géostratégie Est-Ouest, se soient intéressés à cet aspect des choses. Ceci a en revanche ouvert une fenêtre d’opportunité et d’influence stratégique, vite saisie par le Kremlin. La junte ne compte guère sur elle-même pour se défendre et à fortiori pour défendre le pays. Elle a besoin de fusils serviles et stipendiés, à sa botte et sans attache locale, qui ne soient pas regardant sur les méthodes. Rien à voir avec la menace djihadiste, face à laquelle des militaires français et africains meurent dans l’indifférence locale. Les gardes prétoriennes ou présidentielles sont, depuis les indépendances, une plaie de l’Afrique : choyées de multiples avantages essentiellement pour défendre les hommes forts en place, elles ont parfois la fâcheuse tentation de les remplacer manu militari.

Cette faille du système traduit malheureusement un flagrant échec de 60 ans de coopération de sécurité et de défense française en Afrique sub-saharienne. Au bout du compte, l’on constate que les ‘’assistants techniques’’ français sont avantageusement remplacés par des mercenaires sans foi ni loi. Mais Wagner ne s’aventurera pas à une confrontation avec Daech ou Al Qaïda. L’idée monte dans les capitales ouest-africaines de nouer des liens avec les centrales islamistes pour rechercher des solutions de compromis. Ce pourrait aboutir à une sorte de Yalta qui céderait aux islamistes les territoires dont les gouvernements en place n’ont plus la maîtrise et se méfient des populations, ceci, en échange d’un répit dans leur expansion politico-militaire.

La France porte, il est vrai, une part de responsabilité tactique dans ce mauvais tournant. C’est la classique comparaison avec le désastre en Afghanistan : elle n’a pas su limiter son action militaire dans la durée. Même valeureuse et désintéressée, une présence de ce  type se corrompt inexorablement en neuf ans. Le diktat qui veut qu’aucune parole n’est autorisée avec l’adversaire constitue la meilleure manière de se faire contourner. C’est fait. Paris y a pris garde sur l’affaire ukrainienne mais a manqué incroyablement de vision – celle de la ‘’grande image’’- et de lucidité, au Sahel.

* 31 janvier – Vive le Colonel-Président !

Le Burkina Faso, a connu, il y a une semaine, un coup d’État militaire contre le président élu (deux fois), Roch Marc Christian Kaboré. Sur toile de fond d’épidémie de putsch militaires en Afrique subsaharienne, ce pays de tradition sage a été suspendu, le 28 janvier, de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le ‘’club’’ des chefs d’État ouest-africains se réunira le 3 février, à Accra, pour évaluer la situation et les sacro-saintes perspectives de transition politique. Les coups d’état sont bien tolérés, à condition de faire les promesses qui sauvent la face. Classiquement, la Cedeao exige aussi  la libération du président renversé, placé en résidence surveillée. Le Burkinabé semble ne pas avoir été brutalisé. Alors, faut-il en faire un drame ?

Sans doute, non. D’abord parce que cette série de coups (Mali, Guinée, Burkina Faso) ou quasi-putschs (Tchad) risque de clairsemer les rangs de la CEDEAO. Ils instaurent, en quelque sorte, une nouvelle norme à la marge : s’il y a péril pour l’intégrité de la Nation ou la sécurité de la vie quotidienne, c’est forcément la faute des présidents en place. Les forces armées nationales vivent leur propre reculade face au djihadisme comme une humiliation et leur fierté se trouve sauvegardée par l’accession au pouvoir. Ce, avec la double garantie d’un exercice long du gouvernement confisqué aux civils et de produire, ‘’en interne’’ comme ‘’en externe’’, les boucs émissaires indispensables quand les choses tourneront mal. Si les formes sont respectées – promesse d’un retour hypothétique à l’état de droit – absence de violence – maintien des engagements internationaux – respect des pairs africains – ces derniers peuvent considérer les Etats fautifs avec mansuétude et les absoudre avant même la tenue d’élections.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouveau maître du jeu à Ouagadougou, affirme que son pays a ‘’plus que jamais besoin de ses partenaires’’, qu’il comprend les doutes légitimes suscités par son coup d’État, que le Burkina continuera à respecter ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme. Il est parfait. Damiba s’est en outre engagé au retour à une vie constitutionnelle normale, ‘’lorsque les conditions seront réunies’’, on ne peut être plus précis quant à l’échéancier. Ce lieutenant-colonel est, on le voit, un putschiste sage et vertueux. Parions qu’il sera vite pardonné et que le Burkina échappera aux lourdes sanctions qui frappent le Mali. Un bref passage par le purgatoire suffira, du point de vue de la France aussi, surtout si le ‘’Pays des Hommes intègres’’ devait rester fidèle à la coopération militaire française et occidentale.

Il faut dire qu’à Bamako, les errances maliennes et la dérive pro-mercenaires russes du colonel  Goïta glacent le sang des ‘’sages’’ de l’Afrique de l’Ouest. Seul dans sa course folle vers le mur, le Mali fait figure d’enfant perdu de l’unité africaine. En revanche, si d’autres juntes anti-occidentales se formaient dans la région, cela provoquerait une cassure politique du sous-continent en deux blocs. Une belle aubaine pour les ‘’fous de Dieu’’ !

Il va falloir veiller sur l’épidémie de coups d’Etat comme le lait sur le feu. Le plus troublant, dans les reportages qu’en donnent les médias, est l’acrimonie passionnelle de beaucoup d’Africains, qui célèbrent avec tapage la déposition manu militari de dirigeants civils qu’ils ont élus et même réélus. Ils crient à la France : ‘’dégage !’’.

Les Français ont, eux aussi, ont accumulé au long de leur histoire les coups de passion pour l’uniforme. Pensons aux soldats de la Révolution française investissant la Convention, à l’hystérie populaire autour du général Boulanger, au ralliement peureux des masses françaises au ‘’Vainqueur de Verdun’’, au rêve des gilets jaunes de porter au pouvoir le général de Villiers, voire à la prise de pouvoir de Charles de Gaulle, cautionnée par les Français il est vrai. La France a toujours réussi à se dégager, non sans mal, du risque de tyrannie. Face à ‘’l’ordre’’ régnant en Afghanistan, dans les réduits syriens de Daech et dans les vastes zones ‘’libérées’’ de Boko Haram, les Africains réussiront ils à en faire de même ? Pour la France, la réponse s’écrit en filigrane dans le découragement et une forte tentation de se retirer du bourbier. Basta !

* 21 décembre – Dinde de Noël et putschiste malien

La première rencontre entre Emmanuel Macron et Assimi Goïta, le colonel-président de la transition malienne, n’a eu lieu. Le chef de l’État français a annulé sa visite, prévue le 17 décembre. Le motif en a été ouvertement ‘’diplomatique’’ (soit, un beau faux prétexte) : la pandémie de Covid-19 le retenait à Paris. L’explication des gravures n’aura donc pas lieu non plus. Chacun restera sur son fort ressentiment. D’aigres contentieux ont vu le jour, au cours des dernières semaines, autour de ‘’l’abandon français du Mali’’ ou, en sens inverse, de  »la vente du Mali, à vil prix, aux intérêts russes, portés par les mercenaires du groupe Wagner ». Les chances de rabibochage paraissaient nulles et le risque de manifestations anti-françaises, trop élevé. Ce risque n’en valait pas la chandelle.


A qui imputer cette impasse face aux offensives djihadistes du Sahel ? Accueillie en libératrice, en janvier 2013, l’opération Serval a rempli son objectif immédiat : repousser la déferlante des katibas depuis le Nord visant à investir la capitale malienne. Depuis, les diverses opérations d’endiguement, française (Barkhane), onusienne et africaine au Sahel ont toutes échoué à ramener l’ordre et la paix, notamment dans le centre-Mali. Ce secteur est frappé d’anarchie et de raids terroristes, les populations s’estimant plus ou moins abandonnées par les autorités maliennes. Les groupes armés liés à Al-Qaïda et à Daech, y gagnent sans cesse du terrain et y sont désormais chez eux.


L’insécurité croissante nourrit le sentiment ‘’antimilitaire’’ et, particulièrement, la rancœur antifrançaise, à travers le Mali : ‘’puisque vous ne pouvez pas régler le problème, alors, dégagez !’’ Cette colère permet au gouvernement ‘’deux fois putschiste’’ de Bamako de détourner de lui la responsabilité de l’inexorable défaite sécuritaire et d’en reporter la faute sur un bouc-émissaire sacrificiel tout trouvé, qui plus est étranger et post-colonial. Les mauvais garçons au pouvoir dans la capitale seraient bien à mal, autrement, de justifier leur cuisant échec face à leurs ennemis … et face à leur propre population. Celle-ci n’a pas encore de préjugé particulier sur l’option de remettre aux Russes les richesses et la charge militaire du Pays. Les Maliens s’apercevront un jour qu’ils auront beaucoup perdu au change. Voyez les méfaits commis par les voyous de Wagner contre les Centrafricains et les Libyens !

Du côté français, le syndrome de ‘’défaite à l’afghane’’ est à l’œuvre. Les autorités maliennes, que l’on tentait d’aider, jouent désormais sur le registre du chantage et de la trahison. Pourquoi leur offrir une visite ‘’légitimatrice’’ … et se faire fustiger en retour ? On réalise bien ne pas pouvoir compter sur elles, que ce soit pour redresser la situation ou pour sortir Barkhane de la nasse, en limitant la casse. Censées exploiter les avancées militaires des autres armées pour faire progresser leur gouvernance et l’intégrité de leur pays, elles, profitent surtout d’un pouvoir arraché illégalement, sans tenter de remplir leur rôle dirigeant. ‘’Se reconcentrer sur la stricte lutte contre les groupes terroristes’’, comme le prône le locataire de l’Elysée, constitue une alternative toute militaire mais théorique. Elle est rendue illusoire par l’absence de soutien civil, de base politique. L’armée française, comme ses épigones européen (Tacuba) et africain (Minusma), n’est plus gratifiée d’une légitimité populaire : elle ne peut plus être utile au Mali.

Cette ‘’tolérance’’ à l’égard des djihadiste en arrive au point où les colonels de Bamako estiment ‘’de leur devoir’’ d’ouvrir le dialogue avec eux. « C’est une demande forte depuis plusieurs années du peuple malien, qui dit que ceux qui sont avec les jihadistes sont des jeunes souvent désœuvrés, souvent endoctrinés (…). Discutons pour récupérer ceux qui sont récupérables ». Candide naïveté ou impuissance déguisée en habilité suprême, le gouvernement malien caracole tout droit vers le gouffre. La feuille de route pour la Paix de 2015, conclue à Alger et validée par l’ONU, est soudain jetée par lui aux orties, au profit d’un ‘’arrangement’’ à l’amiable, comparable à une trêve entre quelques chats grassouillets et des hordes de hyènes. Partir, d’urgence, vous dis-je ! Sera-ce une consolation quand les brutes de Wagner, plus encore que les Français, répugneront à se frotter à toute cette cette pagaille ?

La Conclusion est que les militaires de Barkhane vont pouvoir mastiquer tranquillement leur festin de Noël, sans être perturbés par un show présidentiel autour d’eux. En buvant leur champagne, ils penseront in petto : ‘’l’an prochain, à la maison’’. Bonnes fêtes, les gars !

* 27 septembre – Abandonné en plein vol !

Devant l’assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a accusé la France d’un ‘’abandon en plein vol’’. Il se référait à la décision française de resserrer le dispositif Barkhane sur la principale zone de pénétration jihadiste, dite des ‘’trois frontières’’, ce qui laissera ‘’à découvert’’ la moitié nord de son pays. On parle là d’une zone de tensions ethniques et de sous-administration chronique, mais aussi l’ère initiale d’intervention des troupes françaises en janvier 2013 lorsqu’il avait fallu empêcher la chute de Bamako (à l’appel pressant d’un président malien affolé).
Le choix des mots peut paraître ingrat – surtout dans une stratégie de chantage entre France et Russie – mais il est aussi touchant, pour la faiblesse qu’il reconnait. La France serait cette mère omniprésente et directive qui exige de son enfant malien qu’il vole au moins un peu de ses propres ailes. Elle portera à tout jamais le visage de l’ancienne puissance coloniale, coupable d’avoir tout régenté et coupable aussi de ne plus vouloir tout régenter, qu’on adore blâmer pour tout mais qu’on stigmatise aussi parce qu’elle vous lâche. Une mère castratrice, qui vous laisse sans volonté, sans feuille de route assumée. Même ‘’en plein vol’’, cela tenait du rase-motte. Pourtant : ‘’la nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires’’.

S’il y a une faille dans le dispositif de coopération français, c’est bien au niveau de la coopération militaire et de défense avec les forces armées africaines : 60 ans ininterrompus d’assistance, d’instruction, de formation dans les écoles militaires françaises n’ont pas permis de créer un outil de défense digne de ce nom. Sur le plan opérationnel, les cadre et leurs troupes se débandent devant l’ennemi. Leur capacité à remplir un rôle défensif est quasi-nulle. Après huit ans de protection par le dispositif français, rien n‘a changé et, comme l’a amèrement regretté en son temps le général Lecointre (ex-Chef d’état-major de Armées), le comportement tribaliste et prédateur des militaires maliens n’a fait qu’aggraver la situation des droits humains et les tensions civiles dans cette zone que Barkhane leur abandonne, effectivement. Le Gouvernement et le Parlement devraient remettre à plat ce secteur de la coopération, tant son échec est devenu patent au fil des coups d’état et des crises politiques. Les séjours de formation en France n’apportent plus aux stagiaires africains le moindre vernis démocratique en matière d’état de droit et de respect de la démocratie. A leur décharge, les écoles et collèges de défense français ne peuvent pas grand-chose face aux réalités sociologiques africaines : la carrière militaire est le principal mode d’ascension vers le pouvoir ; le pouvoir se protège d’un bouclier ethnique contre les frustrations des populations ; la présence aux affaires est un risque physique et la sortie du jeu politique, un vol direct vers la ruine ou la mort : il faut donc prélever le maximum sur l’économie et la société en prévision d’un futur problématique.


L’absentéisme des dirigeants administratifs et leur autisme face aux maux de la société complètent le tableau d’un ‘’abandon’’ général de la population. Quelle que soit leur volonté de réforme, le système collectif pousse au repli, à l’enfermement. Aurait-on dû dissoudre l’armée (et la laisser passer au banditisme à plein temps) et l’administration (un réseau éphémère de partisans), ou mettre la moitié nord du pays sous tutelle ? Les Nations Unies n’ont plus l’autorité pour établir ce mode de transition, d’ailleurs condamné par l’Histoire. New York ne pourrait d’ailleurs agir qu’en mobilisant les organisations régionales africaines, fortement complices des dirigeants autoritaires des capitales. Après huit ans de combats difficiles, qui ont permis d’éviter la disparition du Mali, la France ne doit pas s’enferrer dans l’inconsistance des politiques africaines. Bamako menace de s’adresser au groupe de mercenaires Wagner. Paris doit refuser le chantage et persévérer à mobiliser des relais plus acceptables. Mais on tourne un peu en rond.

* 24 septembre – Vexe-Action, version malienne

‘’Titillée’’ au Sahel, la diplomatie française réagit avec vigueur, comme elle l’a fait aussi dans l’affaire des sous-marins. A ceci près que  c’est le ministère des Armées qui fait fonction ‘’Quai d’Orsay’’ dans cette région. Il faut s’y  faire. On retrouve l’intrépide ministre française des Armées face à ce qu’il faut bien appeler un gouvernement voyou. Les colonels putschistes du Mali, issus du coup du 18 août 2020, sont les principaux acteurs de l’effondrement militaire de leur pays. Mais, ils ont leur fierté et ils détestent reconnaître  leur besoin d’une protection extérieure, surtout venant d’une ancienne puissance coloniale. Celle-ci, surtout, jauge leur faible capacité à gouverner, ce qui leur est insupportable.

Grand paraît l’amateurisme de ces néophytes arque boutés sur leur fierté de caste et moins soucieux de la défense de leur pays face à la déferlante jihadiste. La junte militaire de Bamako menace de basculer vers l’offre russe et joue avec l’idée de changer de tutelle protectrice. L’alternative, comme de coutume, concerne le groupe Wagner et les mercenaires sans insigne de Vladimir Poutine. On improvise un levier de pression sur la France pour qu’elle cesse de regarder la mauvaise gouvernance et on attise les sentiments anti-français qui couvent dans la population. La carte du nationalisme fournit facilement une aura.

La Centrafrique a déjà pratiqué ce revirement vers Moscou. Elle n’en a tiré qu’un surcroit de violence qui ne règle pas ses maux internes. Poutine ne demande  bien sûr qu’à dépêcher sa Bamako les tueurs sans âme du groupe Wagner. Mais en se payant sur la bête : l’exploitation exclusive de ressources minéralières du sous-sol en constituera le prix. En optant pour la dépendance à l’égard d’une dictature prédatrice des rares ressources économiques du Mali, on voit bien à quoi le ‘’deal’’ exposerait le Mali. Et donc, pas vraiment en quoi Wagner se consacrerait aussi bien ou mieux que Barkhane à rétablir l’intégrité du pays. Comment d’ailleurs l’armée privée russe pourrait-elle opérer parallèlement à l’opex française et aux G 5/ Minusma de la communauté internationale ? Sauf à chasser du Mali les ‘’gêneurs’’ occidentaux, africains et onusiens, évidemment. Le chantage de la junte malienne paraît irresponsable et pernicieux mais il n’est pas ferme pour autant.

Florence Parly a affirmé bien haut la détermination française à poursuivre les opérations militaires au Sahel (hormis les zones du Nord du Mali), sous un format concentré. Les forces continueront à engager le front des katibas jihadistes, mais sans avoir à ‘’occuper’’ les arrières. La préoccupation de Paris est de ne pas placer les soldats français et européens en situation d’occupants. A la lumière du précédent afghan et de l’expérience récente au Sahel, une présence trop pesante génèrerait de fortes tensions et la certitude un enlisement militaire. La ministre a donc bien ‘’secoué les puces’’ aux susceptibles colonels. Ils ont été priés de mettre en œuvre une présence défensive et administrative sur leur propre sol national, là où les combats n’ont pas lieu (mais où les tensions ethniques s’expriment). Mme Parly n’a pas mâché non plus ses mots sur la monstruosité d’un recours à Wagner/Moscou et s’est fait relayer auprès de Bamako par les voix des alliés de la France, européens et atlantiques.  Alors que la communauté internationale n’a jamais été autant mobilisée à combattre le terrorisme (au Sahel),’’ l’option russe serait celle de l’isolement », ‘’il faudrait en mesurer les conséquences’’. En termes clairs, le Mali s’exclurait du bouclier anti-jihadiste et de la communauté internationale.

Les premiers commentaires des colonels trahissent un certain flottement. Une bouée de sauvetage leur a été tendue. Si les choses rentrent dans l’ordre, les sociétés de service du ministère français de la défense pourraient monter pour eux une  »école de guerre », de quoi sauver la face. Il leur a aussi été rappelé que leurs voisins et partenaires africains s’inquiètent de leur peu d’empressement à organiser des élections pour rendre le pouvoir aux civils, en février 2022, comme la CEDEAO l’exige.

La mauvaise gouvernance est devenue le vrai sujet, avec quelques coups bien mérités sur les doigts et une carotte aussi. Il fallait bien une ministre-soldate, plutôt qu’un distingué diplomate de salon, pour accomplir ça. Repos !

* 7 juin – Le théâtre et ses sorciers

A la suite du second coup d’Etat dans le putsch des militaires au Mali, la diplomatie française avait annoncé, au début de juin, suspendre sa coopération bilatérale avec l’armée locale. Pas en soi, un renoncement à combattre le jihadisme au Sahel, ni même un retrait de l’opération Barkhane, mais un effacement au sein d’un collectif euro-africain centré sur le dispositif de forces spéciales Takuba, complété par les formations dispensées au G 5 panafricain. La colère – et le dépit – d’E. Macron semblaient sérieux et destinés au Tchad, où s’opérait une succession ‘’dynastique’’ au défunt président Idris Debby. Le fils du chef de guerre a néanmoins été reçu à l’Elysée, un premier signal pour le moins ambigu. La colère jupitérienne n’aura-t-elle été que théâtrale et forcée ?


Le ministère français des Armées vient d’annoncer, le 2 juillet, la reprise de ses opérations conjointes avec les Forces armées maliennes (FAMa). ‘’A l’issue de consultations avec les autorités maliennes de transition et les pays de la région, la France prend acte des engagements des autorités maliennes de transition endossés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Elle a décidé la reprise des opérations militaires conjointes ainsi que des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin’’. Rient d’exprimé, cependant, au niveau du sommet, qui n’a pas mangé son chapeau mais a clos l’épisode du dépit. On se contente de varier les humeurs. Il faudra vérifier si les Maliens, les Africains et les Américains (qui veillent au grain) avaient pris l’alerte au sérieux. Ce n’est pas certain.


Le colonel Assimi Goïta, dictateur de son état à Bamako, sait trop bien que son pays constitue un théâtre crucial pour la stabilité euro-sahélienne et qu’il n’a donc pas trop à s’inquiéter, puisque – la chose a été dite sans fard – Barkhane y opère pour protéger le flanc Sud de l’Europe contre les nébuleuses jihadistes, pas vraiment pour sécuriser l’avenir des Maliens et de leurs voisins : le dispositif armé va donc rester sur théâtre. Il sait aussi qu’il sera bientôt reçu – discrètement – à l’Elysée et que ses hôtes, tout en empruntant opportunément à la culture de la ‘’FrançAfrique’’, sauront convaincre les Français qu’il y va de leur sécurité (une cause qui a bon dos). Ainsi, chacun y trouvera son compte : les putschistes se verront légitimés et les Français, rassurés. Quant aux militaires, au sein d’un Barkhane ‘’resserré’’, ils resteront branchés sur la logistique et le renseignement américain – il y là comme une mesure de sous-traitance – et hautement contributeurs à la cause européenne : ‘’La France reste pleinement engagée, avec ses alliés européens et américains, aux côtés des pays sahéliens et des missions internationales’’.

Au même moment, vingt ans d’intervention militaire massive et couteuse en Afghanistan des forces occidentales tournent au désastre absolu. Avant même le retrait des derniers échelons américains, les Talibans conduisent une offensive générale. Les institutions civiles mises en place pour les tenir à l’écart s’effondrent rapidement, l’armée de Kaboul se débande et certains de ses éléments s’enfuient même au Tadjikistan voisin ! L’Occident n’a toujours pas compris qu’une guerre idéologique n’est gagnable que par adhésion massive des populations et déploiement de moyens de développement humain. Occuper lourdement le terrain ne contribue qu’à rendre les armées étrangères insupportables. D’un autre côté, saturer le terrain d’investissements en ‘’soft power’’, en principe destinés à la population, peut aboutir au contraire à exacerber les inégalités, la corruption et les tensions idéologiques et sociales, si la gouvernance politique locale se révèle trop médiocre. Il peut y avoir de subtiles combinaisons de moyens et de pressions mais il n’existe aucune recette universelle. Ou elle reste à trouver. En revanche les sondages peuvent servir à pointer l’échec sûr et certain : ne pas insister alors. Sur cette base, nos hauts stratèges ont-ils tiré les leçons de Kaboul et préparé des plans B, C, D pour défendre le flanc sud de l’Europe contre le jihadisme ?

* 26 mai – De putsch en putsch

N’avez-vous pas l’impression que l’Afrique est en passe de s’abandonner à une ruée jihado-bandito-tribaliste, qui emporte tout sur son passage y compris la soumission des peuples ? En termes strictement synonymes, le continent noir n’est-il pas  »gouverné » ou seulement pillé par des professionnels du pouvoir presqu’aussi toxiques que la vague qui déferle sur eux ? A bien considérer la suite de putschs au Mali – mais aussi au Niger et au Tchad, voisins – on devine des armées française et européennes bientôt vaincues dans la grande région du Sahel, moins par les armes adverses que par l’absence d’alliés politiques locaux qui puissent faire la liaison avec les peuples en suscitant chez ceux-ci un sursaut citoyen. L’Afrique subsaharienne n’aurait-elle aucun réflexe de défense, seulement des querelles picrocholines de pouvoir ?
Un coup d’Etat au sein d’un coup d’Etat (formule d’E. Macron, au Conseil européen), qui succède à l’autocratie d’un putschiste, qui, tout comme ses pairs, truquait régulièrement les élections avec la complicité de tous les organes de l’Etat. Et vous pouvez remonter de même jusqu’à l’indépendance. Les putschistes auto-installés pour une transition à laquelle personne ne croit vont nuitamment éliminer leurs camarades co-putschistes pour se hisser à nouveau aux affaires et à l’argent. Voici une description à peine forcée des évènements récents au Mali et au sein du G 5, qui est censé prendre le relai de l’opération Barkhane. Ces parodies tristes de vie politique, se résumant à une prédation pure, sont entretenues au sein d’un mouchoir de poche social, par les mêmes prétoriens et hauts fonctionnaires issus des mêmes familles et des mêmes circuits clientélistes ou tribaux. Trop peu de citoyens africains voient clair et cherchent à agir face à cette stratégie de mort lente (pas si lente) et leur absence de discernement vaut une forme de collaboration avec l’ennemi. Franchement, cet état des lieux est du gâteau pour toutes les franchises d’Al Qaïda ou de Daech qui travaillent à faire de ce grand continent une forteresse mondiale de l’islamo-banditisme. Les militaires français se sentent seuls et surtout sans cause porteuse à défendre auprès des populations qu’ils sont censés protéger mais qui restent étanches à toute considération géopolitique, voulant seulement qu’on cesse de tourner autour d’elles.


Au lendemain du plus récent coup de force des militaires maliens, le colonel Assimi Goïta affirme avoir dû ‘’placer hors de leurs prérogatives’’ le président intérimaire non-élu, Bah Ndaw, et le Premier ministre aux ordres, Moctar Ouane. Et alors, hormis ce langage bureaucratico-fleuri, ça va changer quelque chose ? Non. D’ailleurs, les appels ‘’citoyens’’ à se rassembler à Bamako pour protester n’ont trouvé aucun écho. Les militaires, qu’une foule un peu simplette avait accueillis avec enthousiasme, se voient, ces jours derniers, exposés au soupçon d’avoir trop pris goût au pouvoir. Rien ne change, décidemment ! On nous parle d’’’intenses activités diplomatiques’’ autour d’un Mali, plongé dans son inextricable crise et de la venue prochaine du médiateur des États ouest-africains, Goodluck Jonathan. Certes ! Un jour prochain, la crise du Mali s’éteindra d’elle-même, car il ‘y aura plus de Mali (déjà aux deux tiers dissous hors du contrôle de sa capitale) mais juste un ‘’grand Sahel islamique’’ et une ligne de défense européenne repliée sur la Méditerranée. Déprimant !