Les flancs de l’Europe subissent les poussées et méfaits des mercenaires russes, avec les compliments empoisonnés de Moscou. Faute de recevoir un minimum de garanties, l’Union européenne a finalement décidé, le 11 avril, d’arrêter ses missions de formation et d’entraînement militaires au Mali. L’Allemagne indique qu’en ce qui la concerne, la mesure ne serait que temporaire … mais pour longtemps, sans doute. Au Mali, la présence de ces guerriers spécialistes des coups fourrés a abouti à une rupture quasi-complète avec l’Europe. Certes, c’est ‘’régulièrement’’, à l’appel de la junte putschiste, que les hommes en vert ont débarqué. Certes aussi, les Français de Barkhane ont été récemment ‘’virés’’ par les colonels pro-russes, avec perte et fracas. Mais le détachement danois de Tacuba (les forces spéciales européennes) at connu le même sort et les Norvégiens ont dû rester chez eux. Les militaires de l’ONU sont maltraités et la CEDEAO, rangée au rang des ennemis du Pays.
S’il n’était pas envahi plutôt qu’envahisseur, le Mali ferait figure de petite Russie sub-saharienne, coupée du monde et seulement livrée à un allié toxique. Mais ce n’est pas le plus rédhibitoire. Le départ des instructeurs européens de l’EUTM tient au constat d’une collaboration infame d’unités des FAMA (Forces Armées Maliennes) que ceux-ci avaient formées à un comportement décent avec les mercenaires sans foi ni loi de Poutine. Ils ont commis ensemble de graves violations des droits humains, notamment en ciblant leurs victimes ‘’au faciès’’, dans des localités présumées rebelles. Des centaines de villageois désarmés ont été ainsi abattus que Bamako s’efforce de faire passer pour des jihadistes »neutralisés ».
Les Européens réclament une enquête indépendante sur les massacres de Moura et d’ailleurs, une sorte de chapelet de petits Marioupol en terre sahélienne. L’Europe ne laissera sur place que quelques policiers et spécialistes du ‘’droit de la guerre’’ (le droit international humanitaire). Est-ce ces derniers des Mohicans intéresseront Bamako ?
L’échelon européen de coopération militaire restera au Sahel, mais déménagera dans les pays voisins. Le Conseil européen ne veut pas non plus commettre un ‘’abandon’’, au bénéfice de l’option moscovite, tant la situation militaire s’avère alarmante. Déjà, les jihadistes des diverses filiales islamistes moyen-orientales s’en donnent à cœur joie. Leurs attaques ont redoublé et elles ont prélevé beaucoup de vies dans les rangs des FAMA. Les katibas ne cessent de progresser vers le Golfe de Guinée, recrutant manifestement en masse, au passage, dans les populations jeunes locales. Wagner tout comme l’opération Takuba européenne n’ont aucune réponse à cela. Si la jeunesse s’approprie l’idéologie folle des jihadistes, c’est qu’elle ne trouve ailleurs aucune alternative de gouvernance, aucun modèle de de vie. Sûrement pas, en tout cas, dans le spectacle des massacres commis par les soldats de Bamako et leurs sous-officiers blonds.