* 21 décembre – Le Kremlin en dissonance

Soit, la Russie n’a plus besoin de l’arme nucléaire pour soumettre l’Ukraine, soit Poutine et son fidèle second, Dmitri Mevdevev se sont (em)brouillés dans de pathétiques dissonances de discours. L’ex-président russe et actuel numéro 2 du Conseil de sécurité a proféré de nouvelles menaces anti-occidentales, le 10 décembre, juste après que son chef se soit appliqué à calmer le jeu. Ledit chef, lui, fait étonnamment profile bas : il va quêter des renforts chez son comparse (obligé) de Biélorussie, passe, tel un fantôme, dans l’état-major de  »l’opération spéciale » ( »auriez-vous des idées pour repartir de l’avant ? ») et décore au Kremlin quelques héros du peuple très anonymes. De visite sur le front : point.

‘’Notre ennemi ne s’est pas retranché uniquement dans le gouvernement de Kiev. Il est aussi en Europe, en Amérique du Nord, au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans d’autres endroits ayant prêté allégeance aux nazis de notre temps’’, estime Dmitri Medvedev. ‘’Voilà pourquoi nous intensifions la production des moyens de destruction les plus puissants, y compris ceux basés sur de nouveaux principes’’, a-t-il poursuivi dans un message sur son compte Telegram. Il n’a pas détaillé ces nouveaux principes, mais faisait, semble-t-il, notamment référence aux nouvelles générations d’armes hypersoniques que Moscou se targue de développer activement ces dernières années. Medvedev n’est qu’un opportuniste qui se place en vue d’on ne sait quelle échéance interne. Ses mots ne pèsent guère.

L’avant-veille, son ‘’patron’’ avait sérieusement relativisé la perspective d’une expansion à la dimension nucléaire de la confrontation à l’Occident et même renoncé à une première, voire une seconde frappe tactique pour la défense de ce qu’il considère comme le territoire sacré de ‘’Mère Russie’’. Il ne parlait plus des ‘’nazis de notre temps’’ ( ?) mais de disponibilité à signer un accord. Certes, pas aux conditions du plan de paix ukrainien mais l’emploi du mot vaut d’être noté :  »Au final il faudra trouver un accord. J’ai déjà dit à plusieurs reprises que nous sommes prêts à ces arrangements, nous sommes ouverts, mais cela nous oblige à réfléchir pour savoir à qui nous avons affaire », a déclaré le président russe, en marge d’un sommet régional au Kirghizstan. Alors, qui croire, que croire ? Poutine se sent-il empêtré, est-il tenté de  »limiter la casse », de faire marche arrière ? Voit-il seulement clair dans ce qui est supposé être sa stratégie ? Détruire l’Ukraine, faire fuir la jeunesse russe menacée de conscription, envoyer au massacre les soldats issus des minorités, déporter en masse des enfants pour les russifier? Et après ? Rien de tout ça ne concourt à réaliser de façon stable son plan mégalomaniaque : d’où ce coup de mou. C’en est au point qu’il n’ose plus parler à son peuple: les traditionnelles adresse de fin d’année à la Nation et conférence de presse ont été rayées de l’agenda, un fait rarissime, significatif d’un malaise personnel.

Sa santé n’est, dit-on, pas très bonne. Peut être, reprendra-t-il, au printemps, du poil de la bête. Mais on dirait que la certitude de vaincre s’effiloche au royaume du Kremlin…

* 14 mars – A chaque jour suffit sa peine

Tout en nous invitant à rester lucide et responsable face à la tragédie que vivent les Ukrainiens, Mathieu nos recommande, au chapitre 6, verset 34, de ne pas présumer sottement de la capacité de nos psychés à encaisser les chocs et à réagir avec discernement (une des plus grande qualité intellectuelle qui soit). Il n’y a aucune honte à trouver le blog de l’ours géopolitique bavard, trop spéculateur et même un rien présomptueux. Nul n’est contraint d’absorber la moutarde forte avec une cuiller à soupe. Nous sommes tous différents, notamment dans notre sensibilité à la douleur et à l’inconnu (et aussi à la moutarde). Personne n’est obligé de peser les chances que, depuis son bunker à bulbe doré,  »Vlad le Vitrificateur » déclenche ou non les feux de l’apocalypse nucléaire, biologique ou chimique.

L’Ours, ça lui clarifie la tête mais, à d’autres, pas. L’important est de ne pas se mentir à soi-même et de s’ajuster, pas à pas = un peu, chaque jour = au cours horrible des choses. Le coq écervelé chante une trompeuse invincibilité guerrière ; l’autruche, le confort du trou de sable où elle enfouit sa tête. Le corbeau ouvre le bec, tout hébété, et laisse tomber son fromage. Le pigeon croit tout ce qu’on lui dit. Le merle et la pie font dans l’infox à fond. Les moineaux s’affolent en tournant autour de l’arbre. L’aigle et la buse fondent sur leurs proies. Merci Mathieu, merci La Fontaine !

Voilà  »Vlad le Vilain » qui vous accuse de tous les sales coups de la terre : vous êtes nazi, terroriste infiltré dans un hôpital, caché derrière un bouclier humain; vous attaquez de l’étranger une terre russe prétendument nommée  »Ukraine », vous massacrez des civils à tours de bras, bombardez des corridors d’évacuation humanitaires, préparez depuis votre cambuse des armes interdites, etc., etc. … C’est simple : il vous dit ce qu’il a l’intention de faire de vous et vous livre un échantillon de sa  »belle » mentalité. C’est le syndrome de la cour de récré :  »si tu ne me files pas tes billes, je te les fait manger et je dis à la maîtresse que tu voulais me les faire manger ». Ca demande une petite gymnastique de l’esprit mais ça permet de décrypter le coup d’après.

Le coup d’après pourrait avoir à faire avec les armes de destruction massive, toutes formellement prohibées par le droit de la guerre, mais néanmoins libéralement diffusées au sein d’armées comme celles de Russie ou de Syrie. Le bas de gamme, s’est le chimique, avec tous ses inconvénients (météo incertaine, vent qui tourne, bourrasques …). Il reste que, sur une très grande surface, ce type de produits binaires (stockés dans deux flacons puis léthales dès que mélangés) est tout à fait efficace pour exterminer les populations civiles des faubourgs ou centres-villes. Souvenez vous de la Syrie de  »Bachar le chimique » et du recul de l’Amérique, en 2013, lors de la multiplication de ce type d’attaques contre la population. Russes et Syriens ont intégré le crime contre l’humanité dans leur doctrine de guerre et ils disposent en quantité du gaz et des poudres du genre Novitchok.

Un peu plus  »premium » en gamme est l’arme bio (prononcer  »bi-o » comme  »billaud »). Quelques gouttes dans l’eau potable ou dans le potage suffisent pour anéantir une population citadine. C’est tout aussi prohibé par une convention des Nations Unies et contrôlé dans le commerce civil par un  »régime australien » particulièrement vigilant. Mais, un petit flacon par million d’habitants, ça se cache aisément au fond d’une poche. De plus, c’est inodore et ça ne se diffuse pas dans l’air : indétectable ! Enfin, comme Pékin accusant les Américains d’avoir créé le Covid, vous pouvez toujours prétendre que c’est  »l’autre en face » qui l’a fait. C’est ce que Vladimir est en train de dire, d’ailleurs, pour le VX ou l’anthrax.

Si vous disposez déjà d’un siège permanent au Conseil de sécurité ou voulez simplement abattre le système des Nations Unies, les accords de contrôle des ogives et des vecteurs, multiplier votre capacité en euromissiles capables de destruction immédiate de Paris, Londres, Berlin, Varsovie, Rome, Madrid, etc. , etc. appuyez sur le bouton rouge, tout en dénonçant ces capitales nazies qui fomentaient une attaque nucléaire contre vous mais, surtout, frappez le premier, par surprise ! Plus de problème de climat car plus de vie humaine cqfd. C’est la grande classe que pourrait bientôt atteindre la mise en centrifugation du cerveau bouillonnant de  »Vlad l’Apocalypse ». Le problème avec cette drogue qu’est le pouvoir absolu, c’est qu’il faut sans cesse en augmenter la dose et qu’il n’y a pas de sevrage.

Incroyable, après l’horreur qu’on a vue et celle qu’on devine déjà un peu : certains chez nous préfèreraient l’apocalypse à la démocratie !