Voilà que les spasmes d’agonie de l’Union soviétique se rappellent à nous, comme si le Moyen Orient, la Biélorussie, la fantasia turque et les tourments de l’Afrique … sans oublier la pandémie Covid… ne suffisaient pas ! Depuis deux jours les bombardements se déchainent dans le Caucase entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, faisant des victimes et laissant craindre, au-delà-même des protagonistes directs, l’embrasement complet de la guerre pour l’enclave montagneuse du Haut Karabakh. La France, la Russie et l’OTAN ont appelé à la cessation immédiate des hostilités dans ce territoire contrôlé par l’Armée arménienne.
Les manipulations territoriales staliniennes pour semer la division entre les républiques fédérées ont des effets durables. On a un peu oublié que depuis les années 1990, le conflit, qui a fait 30.000 morts, ne s’était jamais éteint entre l’Arménie – qui soutient la sécession de ses coreligionnaires et frères ethniques du Haut Karabakh – et l’Azerbaïdjan, au sein duquel l’enclave arménienne a été intégrée. Erevan a changé de leader, à la suite de sa ‘’révolution de velours’’ du printemps 2018. Nikol Pachinian, comme son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, peinent à s’extraire du post-soviétisme et restent tentés par l’aventure militaire. Ceci, sous l’œil tolérant de leurs parrains respectifs : Moscou, pour les catholiques apostoliques (fortement ancrés dans leur alignement géopolitique) et Ankara, pour l’Etat turcophone, privé d’une partie de son territoire. R.T. Erdogan proclame déjà son pays prêt à soutenir ‘’par tous les moyens, le pays frère’’. Erevan, de son côté fait état de l’envoi par Ankara d’armements et de mercenaires sur le théâtre des combats. La surenchère n’est pas loin.
Le groupe de Minsk créé par l’OSCE et créé par la France, la Russie et les États-Unis en 1992 pour solder le conflit avait produit une sorte de cessez-le-feu bancal en 1994. Il est désormais oublié et a été totalement rompu en 2016. Sera-t-il réactivable ? Pour l’UE, Josep Borrell multiplie les contacts en ce sens avec les protagonistes, sans grand espoir de les raisonner. De plus, le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit d’urgence à huis clos. Du fait de’’ l’absence’’ américaine dans ce forum, les belligérants, qui ont aussi reçu des appels de E. Macron, se sentent les mains libres. Pour l’OSCE, c’est une ultime occasion de montrer qu’elle existe et qu’elle pourrait servir la paix. Mais sa médiation, récusée récemment dans la crise biélorusse, ressort d’une culture de la détente qui n’est hélas plus dans l’air du temps.