Soudan : une nouvelle nuit de massacres de civils a eu lieu hier, à Khartoum et dans les villes du pays. Très peu d’images pour en témoigner, mais on les devine horribles : au moins seize corps ont été ramassés dans la capitale où on a vu les militaires poursuivre les manifestants jusque dans les couloirs des hôpitaux et, littéralement, tirer sur les ambulances.
C’est terrible de s’habituer à ces scènes au point de ne plus même s’en souvenir une semaine plus tard, tant elles se sont intégrées à la routine du monde. En 2019, la révolution démocratique a été l’œuvre des jeunes Soudanais et des milieux professionnels, surtout dans les villes. Elle était entièrement pacifique. L’armée s’est contentée de mettre de côté le dictateur Al Bechir, trop vieux et trop stable pour permettre l’ascension des jeunes colonels, ses cadets. Son entrée – en tant qu’acteur principal – dans le gouvernement de transition ne rendait pas justice à ceux qui avaient ouvert le nouveau chapitre politique et fait tout le travail. On s’attendait à ce qu’à la première occasion, les militaires ramassent la mise – le pouvoir politique – et confirment leur main sur l’économie. C’est fait, sans surprise, et les séquences de la contre-révolution se sont succédé plus rapidement encore que dans le précédent (et modèle) égyptien, huit ans plus tôt. Au point qu’il reste à voir la place que l’islamisme devrait regagner dans ce grand rétropédalage. Le monde extérieur n’y peut plus grand chose … il sature !