Les libertés, petites ou grandes, sont toutes également chéries. Comme les Sabine d’Alphonse Allais, les Miss Liberté fleurissent au printemps, sous la forme de statues. Merci Bartholdi, Viollet-le-Duc, les ateliers Eiffel ! Elles seront toutes accueillies avec émotion. Justement, grâce à la complicité de Philippe Etienne, notre ambassadeur à Washington DC, une jumelle de la Miss d’Ellis Island – de taille nettement plus petite – débarquera à New-York, le 4 juillet, en provenance du Havre, pour célébrer la fête nationale yankee. Prêt de la France, elle sera exposée pendant dix ans sur la petite colline de Georgetown où nos vaillants diplomates entretiennent de leur mieux l’alliance scellée entre Louis XVI et Washington. Pendant quelques jours, les deux ‘’Liberté’’ – celle de 93 mètres et celle de trois mètres de haut – se côtoieront à Ellis, l’ancienne baissant sa torche sur ses pieds pour apercevoir sa toute nouvelle et minuscule petite sœur. Coincée à Paris, la sœurette de l’Ile aux Cygnes, va bouder, c’est certain !
De fait, la France n’a plus les moyens d’offrir une statue géante sans couler ses finances publiques. Mais, plus que l’intention ou la démonstration d’amitié, c’est le symbole politique qui importe. L’idée de ce nouveau voyage d’une Miss n° 2 est née au Conservatoire national des arts et métiers, en 2019. Elle a plu à la diplomatie française, qui y a vu un moyen de renouer le fil de cette alliance flamboyante. La France a donc choisi de seulement exposer une seconde statue de la Liberté ‘’pour rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui ont permis, des deux côtés de l’Atlantique, l’édification de la statue de la Liberté et qui se sont battus pour ce qu’elle symbolise dans le monde entier’’. Les temps actuels appellent à s’en souvenir face au charivari du monde.
Miss n° 2 se présentera aussi à l’Amérique puis à la France comme une ambassadrice de l’accueil des étrangers. ‘’Donnez-moi vos pauvres, vos exténués, qui en rangs pressés aspirent à vivre libres. […] Envoyez-les moi, les déshérités, que la tempête m’apporte. J’élève ma lumière et j’éclaire la porte d’or ! » Il n’est pas vain de revisiter le beau poème poignant d’Emma Lazarus. Et, par chance, c’est l’aimable Joe Biden et non son abominable prédécesseur qui préside aux destinées actuelles de la Nation amie. Sans doute, adressera t-il à la »Micro-Miss » un petit clin d’œil amical.