* 10 novembre – Too close to call

Chaque camp politique pourra trouver son compte dans les résultats – non encore définitifs – des élections américaines de mi-mandat, une échéance traditionnellement peu favorable aux incombants. Joe Biden a obtenu un score honorable, plutôt meilleur que ses prédécesseurs démocrates, à l’occasion du renouvellement biennal des chambres. Il semble pouvoir préserver l’essentiel, sans subir le cuisant coup de bâton que lui promettaient les sondages. De fait, il devrait garder la main sur le Sénat, de justesse, il est vrai. Il se dit même prêt à envisager un second mandat en 2024, après discussion avec sa famille.

D’un autre côté, le Trumpisme garde le vent en poupe, les candidats ‘’adoubés’’ par le milliardaire caractériel ayant connu de bons résultats dans les urnes, à l’exception des plus extrémistes. Le gain prévisible d’une majorité – modeste – obtenue par les Républicains au sein de la Chambre des Représentants va mettre sous l’éteignoir le nouveau Congrès, pourtant sorti d’un verdict relativement équilibré des urnes. Les deux années à venir ne connaîtront plus les grandes réformes structurelles engagées par le président démocrate mais plus probablement beaucoup de confrontation et de tumulte partisans. L’Exécutif devra faire avec un Législatif auto-paralysé. Il y a des précédents montrant que ceci est possible, mais à un niveau d’ambition limité.

La menace que la Cour suprême fait peser sur le droit à l’avortement a sans doute joué dans le camp démocrate, mais elle n’a pas été l’enjeu majeur du scrutin. Trois états ont même adopté des lois sanctuarisant le droit d’accès à l’IGV. La défiance des électeurs face à la poussée d’inflation très forte qui frappe l’économie a manifestement motivé le choix d’un plus grand nombre d’électeur. Mais ce ressentiment populaire a été en partie atténué par une forme de fatigue à l’égard des joutes partisanes les plus outrancières. Les citoyens aspirent à moins d’agressivité que les états-majors politiques. Pour autant, est-ce un premier pas vers la réconciliation des deux électorats antagonistes ? On ne semble pas avoir beaucoup progressé vers une ‘’paix civile’’ durable, mais les candidats les plus marqués à gauche comme à droite n’ont pas eu la préférence. Les modérés Démocrates comme Républicains auront leur part à jouer dans la bataille des chefs.

Car la bataille pour les présidentielles de 2024 est ouverte, sans scénario probable émergeant plus qu’un autre. De son côté, Joe Biden, qui a pour lui sa posture centriste, est bien conscient de son handicap d’âge et cerné par des candidats plus jeunes et plus progressistes. Bernie Sanders, plus âgé encore, constitue moins un défi pour lui que la sensibilité qu’il représente. Kamala Harris, elle, ne décolle pas en popularité. Chez les Républicains, la stature omniprésente de Donald Trump domine le jeu de façon écrasante. Elle pourrait s’user : sa furie fatigue même ses partisans ; ses ennuis judiciaires pourraient le voir concourir pour la Maison Blanche depuis la prison ; Ron de Santis, le gouverneur de la Floride présente mieux et possède un meilleur potentiel à long terme ; l’opinion oublie peu à peu le contentieux de janvier 2021.

Alors, faut-il que le ‘’reste du monde soit soucieux’’ ? Il faut dire que la communauté planétaire est toujours quelque peu appréhensive relativement à ce qui ‘’sortira de la poudrière américaine’’ et moins avertie des évolutions infra-échelon fédéral. Quatre années de Trump et le cataclysme qu’il a causé en matière d’action internationale contre le dérèglement climatique n’ont pas inhibé l’aspiration de certains états, telle la Californie, à un verdissement des lois et des politiques. Les énormes bourdes en rapport avec la non-prolifération (la Corée du Nord, l’accord dénoncé avec l’Iran) ont été trop coûteuses pour qu’il puisse songer, le cas échéant, à les réitérer. Une bonne partie des élus républicains reste attachée – comme les Démocrates – à l’OTAN, aux alliés européens et au soutien dû à l’Ukraine contre l’invasion russe.

Face à une Amérique qui lui dit : ‘’Grow up, child !’’, l’Europe n’en a pas moins motif à prendre en main plus avant sa défense, ses politiques russe et chinoise, son indépendance stratégique et commerciale, tout en gardant fort – plutôt que vital – le lien transatlantique. On reste cool.

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