* 15 novembre – Le flop des politiques migratoires

Le gouvernement français présente au parlement la 22 ème loi sur les migrations (et le bon respect de l’ordre public) depuis 1980. C’est dire si cette agitation législative a permis de régler la question et si les mesure accumulées ont été efficacement mises en œuvre. Le prochain rajout se signale par l’angle d’attaque le plus commun qu’il soit : créer un titre spécifique de séjour pour répondre au besoin des métiers en tension. Non seulement tous les Etats industrialisés font cela depuis belle lurette – il faut cajoler l’économie – mais la France elle-même dispose déjà de mécanismes pour régulariser les ‘’sans papiers’’ (en fait, ‘’sans titre de séjour’’), dont la souvent citée circulaire Walls, largement laissée à la discrétion des préfets et donc appliquée sans uniformité d’ensemble. ‘’En même temps’’, l’essentiel du dispositif ‘’proclamé’’ touche à l’expulsion (excusez moi : à ‘’l’éloignement’’) des illégaux déboutés de l’asile comme du séjour, frappés d’une ‘’Obligation de Quitter le Territoire Français’’ (OQTF). ‘’Qu’ils retournent en Afrique !’’ (y compris ceux originaires d’Asie et du Moyen Orient), comme prétend l’affirmer un député du RN pas vraiment exempt de sentiments racistes. Paris se donne l’apparence de faire du nouveau, mais en fait … ressort le marronnier habituel de sa politique intérieure politicienne, pour ne pas dire ‘’démagogue’’.

Pourtant, les quelque 250 exilés arrivent par Toulon, fraichement débarqués du navire associatif ‘Ocean Viking’ en zone militaire. En bout de course et affecté des symptômes du Radeau de la Méduse’’, leur bâtiment a été soumis, trois semaines durant, à toutes les avanies imaginables. Venant de Libye, ses passagers – dont une cinquantaine d’enfants – ont été esclavagisés et, certains même, torturés. Ils ensuite ont été lâchés sur les eaux du grand cimetière méditerranéen, qui ont fait encore 1200 morts ces dix derniers mois.

Mais l’Italie de Georgia Meloni conserve toute la morgue inhumaine du sieur Matteo Salvini, ce dernier étant toujours à la manœuvre en tant que ministre des Infrastructures et donc des ports. Elle n’a pas voulu d’eux. La France s’est donc offerte une belle séquence de ‘’donneuse de leçons, aux dépens de sa sœur latine. La tentative soigneusement menée pour apprivoiser le nouveau gouvernement ‘’post-faciste’’ de Rome et les intentions relativement ‘’civilisées’’ de Georgia, en jouant sur la fibre pro-occidentale de la présidente du gouvernement, ont  fait long feu. En plein conflit Est-Ouest, c’est plutôt dommage. D’autant plus que l’ex-présidence française de l’Union s’était échinée cet été à faire adopter une clé de répartition quasi-automatique des exilés secourus en mer. Paris a profité de ‘’l’incident de l’Ocean Viking’’ pour se désengager des promesses récemment faites à sa voisine : 3500 transferts en France des naufragés parvenus en Italie par la mer. Est-ce là une bonne leçon ou simplement une débandade ?

Dans le même élan, on bétonne, avec le Royaume Uni, la côte du Pas de Calais pour contrarier les départs toujours plus nombreux vers l’Angleterre. Plus de vigiles, plus d’interceptions en mer, des radars, des retours manu militari au point de départ. Au Nord, les exilés sont donc bloqués en France en position terminus. Au Sud, ils sont interdits d’entrée, traqués dans les trains, pourchassés dans les Alpes, les frontières se voulant hermétiques. Tient-on tant que ça à ‘’garder les nôtres’’ sur le territoire français, tout en clamant qu’on va les en expulser ? Car on sait bien que chaque ‘’éloignement’’ exige l’acquiescement d’un gouvernement de destination (production d’un laisser-passer consulaire ; autorisation de survol ou de débarquement…), lui-même précédé par une identification précise. Va-t-on lancer une mini-opération Barkhane dans chaque pays du Sud pour y forcer le retour des déboutés par la force militaire ‘’post-coloniale’’ ? On imagine la popularité déjà basse de la France dans le monde émergent chutant dans les sous-sol de l’enfer bouddhiste…

Vous l’avez compris : il s’agit de forcer des flux et de marquer des points contre nos partenaires beaucoup plus que de sauver des malheureux accablés et menacés par les flots. Une certaine agence Frontex et les navires des Etats sont supposées appliquer le droit de la mer mais où sont ils ? Seuls, les rafiots des ONG tentent de faire le travail. On s’en prend aux associations comme aux malheureux ballotés par les flots. Pendant ce temps, les Etats flottent, sans cap ni boussole, sur les eaux brunes de la propagande populiste… flop…flop…flop !

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