Idleb, capitale de l’inhumanité

Bachar : « On se retrouve, après une page de négociations ». Dessin de Chappatte (Suisse), publié dans Le Temps le 14 mars 2016

Tombée dans l’oubli, à l’heure du « tout-pandémique », la région syrienne d’Idleb (3,5 millions d’habitants) est soumise par le régime de Bachar al-Assad à une offensive militaire acharnée visant à reconquérir l’ultime bastion tenu par des rebelles, pour une bonne part jihadistes. La guerre de reconquête est menée, on le sait, avec le soutien de l’aviation russe, à qui revient le privilège d’effectuer les plus gros bombardements (écoles, hôpitaux, etc.). En trois mois, les combats ont fait près d’un million de déplacés civils, un bien triste « record ». L’offensive a, par ailleurs, provoqué des accrochages meurtriers entre soldats syriens et mercenaires (également jihadistes) envoyés par la Turquie. Celle-ci occupe une large bande territoriale du nord de son voisin pour la « nettoyer » de ses habitants Kurdes, qui ont été des alliés efficaces de la coalition internationale contre Daech puis ont été froidement abandonnés par l’Occident, depuis lors. Elle a fermé sa frontière contre laquelle les survivants fuyant l’offensive de Bachar et de Poutine se trouvent bloqués dans la souricière. Pas simples, ni glorieuses, ces calamités en mille-feuilles …

On est donc dans le plus grand drame humanitaire du Siècle et voilà qu’une vingtaine de soldats turcs vient d’être tuée dans les frappes aériennes qui dévastent la région. Ces pertes s’inscrivent dans une spirale d’affrontement entre Ankara et le régime de Damas, appuyé par Moscou.  De déséquilibré, le néo-sultan Erdogan en devient fou-furieux, son immense susceptibilité paraissant blessée. Une riposte militaire est décidée, au moins contre Damas sinon contre son mentor russe (qui tente, en vain, de calmer le jeu, double jeu en ce qui le concerne).

Le comble : Ankara fait appel à la solidarité atlantique et demande l’instauration d’une zone de non-survol, oubliant avoir trahi l’OTAN par ses comportements offensifs, ses achats d’armes antiaériennes et ses tractations cyniques… avec Moscou ! Pour faire bonne mesure, une fois de plus, la menace est lancée d’ouvrir « les vannes » aux réfugiés entassés sur son territoire, pour submerger l’Europe. On devrait suspendre la Turquie de l’Alliance atlantique en attendant qu’elle s’achète une conduite et la boycotter sur le plan de la défense européenne. Et, pourquoi pas, sanctionner un gouvernement-voyou. Malheureusement, l’Europe, claquemurée dans ses doutes et ses craintes,  est comme absente du monde. Malheureusement aussi, D. Trump ne pense que du bien de son homologue turc et même l’encourage à persévérer… Ce réflexe d’appuyer »l’allié » turc est franchement mal inspiré. Est-ce uniquement parce que la Russie sévit du côté adverse ou, aussi, la marque d’une sorte d’affinité entre potentats populistes ?

(article tiré des brèves du jour)

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