* 1er février – Trop dur pour y croire

Aujourd’hui, le blog de l’Ours, cite Pierre Haski, un maître en analyse géopolitique. Poutine fait ressurgir les fantômes de la guerre. Sommes nous aptes à faire face ?

 » Une guerre à l’ancienne, avec colonnes de chars et lignes de front, n’appartenait plus à notre univers mental. Or, à l’heure où les bruits de bottes russes s’amplifient aux frontières de l’Ukraine, ce risque est revenu, sous nos yeux, aux confins de  »notre » Europe, et il nous prend au dépourvu. Le maître du Kremlin en est bien conscient.

Comme tous les Européens de plus de 50 ans, j’ai grandi avec la guerre froide. Elle a façonné inconsciemment ma vision du monde. [Au point que lors de mon premier voyage de l’autre côté du rideau de fer, en Pologne dans les années 1980, je m’attendais à débarquer sur une autre planète, là où je ne découvrais en fait qu’une partie de l’Europe plus pauvre, plus triste. De même, le passage de Berlin-Ouest à Berlin-Est par Checkpoint Charlie s’accompagnait nécessairement d’une boule à l’estomac, sans doute causée par une lecture trop assidue des romans de John le Carré…] Il en fallait de l’audace pour imaginer que cette division de l’Europe disparaîtrait un jour, tant elle s’était inscrite dans nos imaginaires comme dans la géographie européenne. D’où le sentiment exceptionnel de libération à la chute du mur de Berlin en 1989, et l’euphorie – vite dissipée, hélas – qui a accompagné cette « réunification » de l’Europe.

Cette toile de fond, avec cette histoire encore fraîche dans nos mémoires, explique notre désarroi face aux bruits de bottes autour de l’Ukraine. Nous avions exclu la guerre de notre inconscient collectif. Du moins la « vraie », aux allures 1914-1918 ou 1939-1945, avec ses colonnes de chars, ses « lignes de front », le bruit de la désinformation qui, inévitablement, l’accompagne. Nous avions été traumatisés par notre impuissance lors du siège de Sarajevo et l’implosion de la Yougoslavie dans les années 1990 ; nous avons été engagés ces vingt dernières années dans des guerres lointaines en Afghanistan, au Moyen-Orient ou au Sahel ; nous avons connu le terrorisme au cœur de nos métropoles ; mais un conflit à l’ancienne, avec une puissance nucléaire de surcroît, n’appartenait plus à notre univers mental. Or ce risque est revenu, sous nos yeux, aux confins de  »notre » Europe, et il nous prend au dépourvu ».

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